L’affichage environnemental est une note apposée sur les produits ou services. Elle informe sur leurs impacts environnementaux et elle devrait se présenter sous la forme d’un score brut et d’un visuel à afficher sur les produits en magasin et en ligne.
Quels sont les objectifs de l’affichage environnemental ? Comment calculer la note ? Quels secteurs sont et seront concernés et à quelle échéance ? Comment vous y préparer ? On vous dit tout sur le sujet !
1. L’affichage environnemental : définition, objectifs, obligations
1.1 Définition et objectifs
L’affichage environnemental d’un produit ou d’un service consiste, selon la définition du ministère de la transition écologique, à “fournir aux consommateurs des informations quantifiées sur ses principaux impacts environnementaux, calculés sur l’ensemble de leur cycle de vie”.
Le déploiement de l’affichage environnemental doit permettre de répondre à 3 grands objectifs, comme l’a rappelé le gouvernement en mars 2023 :
- informer le consommateur sur l’empreinte environnementale des produits afin qu’il puisse faire un choix d’achat éclairé et orienté vers une meilleure performance environnementale.
- encourager l’écoconception chez les fabricants, c’est-à-dire encourager les marques à concevoir de manière plus responsable leurs produits.
- réduire l’impact environnemental des secteurs concernés par l’affichage environnemental.
L’affichage environnemental a été pensé comme un outil contre le greenwashing à la fois pour le consommateur qui va pouvoir comparer des produits similaires grâce à cette notation facile à comprendre et transparente et pour les entreprises qui vont pouvoir valoriser leur démarche d’écoconception et les bonnes performances environnementales de leurs produits.
Il n’en reste pas moins que la construction de cet affichage environnemental s’accompagne de critiques et d’interrogations. Dans le textile notamment, les acteurs de la mode durable se sont beaucoup inquiétés de ne pas voir les impacts environnementaux de la fast fashion (quantités de pièces mises sur le marché, renouvellement incessant des collections…) bien pris en compte dans le calcul de l’affichage environnemental. Des critiques sur l’intégration de l’impact des pesticides ou des substances chimiques ont été aussi formulées, sur les impacts de l’agriculture intensive ou extensive ou encore sur les bénéfices de l’agriculture biologique qui seraient sous-estimés.
1.2 Qui est concerné et quand ?
La loi Climat et résilience d’août 2021 rend obligatoire la mise en place de l’affichage environnemental.
4 secteurs sont concernés par le déploiement de l’affichage environnemental : le textile, l’alimentaire, les cosmétiques et l’ameublement.
L’article 2 de la loi climat et résilience prévoyait une phase d’expérimentation pour une durée maximale de 5 ans, soit jusqu’en 2026.
Mais pour les secteurs du textile et de l’alimentaire, plusieurs expérimentations ont déjà eu lieu entre 2020 et 2022.
Pour ces deux secteurs, jugés prioritaires, le calendrier a été avancé. Le déploiement de l’affichage environnemental était initialement prévu dès le 1er janvier 2024 dans une démarche volontaire encadrée (c'est-à-dire pour les entreprises volontaires mais avec une méthodologie commune). Avant une mise en œuvre obligatoire prévue initialement pour début 2025.
Néanmoins, la construction des méthodes de calcul du score a été plus longue que prévu. Celle concernant le secteur du textile a finalement été présentée par l’Etat le 3 avril 2024, ouvrant ainsi une période de concertation puis une application volontaire. La méthode concernant le secteur de l’alimentaire, elle, n’est toujours pas connue.
Le texte d’application pour le secteur du textile sera mis en consultation au mois de mai 2024 avant un déploiement volontaire de l’affichage dans les magasins et en ligne à l’automne 2024. L’affichage pourrait devenir contraignant à partir de 2025, selon le ministère, sans que cela ne soit encore assuré.
Pour les secteurs des cosmétiques et de l’ameublement, les travaux méthodologiques et la phase de concertation doivent commencer cette année. Avant une mise en œuvre obligatoire d’ici 2027.
1.3 Format de l’affichage
Les discussions portent également sur la forme que va prendre cet affichage environnemental sur les produits ou en ligne.
Plusieurs options ont été étudiées et testées :
En juillet 2023 le secrétariat général à la planification écologique, dans un document de travail, semblait privilégier l’option d’une échelle ouverte, c’est-à-dire avec un score en valeur absolue.
Ce format présente l’avantage, selon les arguments évoqués par l’administration en 2023, de pouvoir se déployer à tous les secteurs, de faciliter l’articulation avec le cadre européen et de diminuer le risque d’effet rebond, c’est-à-dire de bien signaler au consommateur que tout produit a un impact, même ceux qui disposent d’un score environnemental meilleur que les autres. Ce risque d’effet rebond était associé au format d’un classement ABCDE, la bonne note environnementale pouvant encourager à une consommation excessive du bien concerné.
Rien ne dit néanmoins que c’est bien ce format qui a été retenu définitivement, nous sommes dans l’attente d’une communication claire sur ce sujet.
2. Comment calculer l’affichage environnemental ?
Nous nous concentrons ici sur la méthode de calcul pour les secteurs du textile et de l’alimentaire, qui sont les plus avancés dans le déploiement de l’affichage environnemental.
L’enjeu de ces derniers mois était de trouver la bonne méthode de calcul. C’est-à-dire une méthode :
- Uniformisée, adaptée pour des entreprises de taille, de nature et de modèle économique très différents.
- Prenant en compte les multiples impacts environnementaux de ces activités : gaz à effet de serre, biodiversité, épuisement des ressources, etc.
- Lisible pour les consommateurs et consommatrices — ce qui force à limiter le nombre d’indicateurs différents.
Pour les deux secteurs, l’outil retenu pour calculer cet éco-score est l’ACV, l’analyse de cycle de vie. Pour rappel, l’ACV est une méthode de quantification des impacts sur l’environnement d’un produit ou d’un service en prenant en compte toutes les étapes de son cycle de vie : de la production des matières premières jusqu’à la fin de vie en passant par la fabrication ou le transport.
Plus précisément, la méthodologie des ACV est celle de la PEF, la Product Environmental Footprint, développée par la Commission européenne. La PEF comprend 16 indicateurs d’impacts environnementaux :
Et au sein de ce cadre général PEF, il existe ensuite des règles sectorielles. C’est ce qu’on appelle les PEFCR : product environmental footprint category rules. Ce sont des règles spécifiques qui fournissent les indications afin de réaliser une évaluation PEF dans chaque secteur concerné.
Pour le secteur textile, un PEF Apparel & Footwear est en cours de rédaction. Il doit être présenté fin 2024, début 2025. L’enjeu pour la France, c’est de présenter ainsi une méthodologie pour l’affichage environnemental textile qui se rapproche le plus possible du PEF A&F qui sera publié ensuite.
Si l’on résume, l’outil utilisé pour le calcul de l’affichage environnemental est l’ACV, qui reposera sur la méthodologie européenne PEF et les PEFCR pour chaque secteur concerné.
Seulement, certains enjeux environnementaux propres aux secteurs du textile et de l’alimentaire ne sont pas bien pris en compte dans les indicateurs PEF. Le calcul va donc intégrer ce que l’on appelle des compléments hors ACV. Voici pour les deux secteurs ce qui est prévu.
2.1 La méthodologie pour le secteur textile
11 expérimentations d’un affichage environnemental sur les vêtements ont été menées en 2022 suite à un appel à projets de l’Ademe, appelé Xtex.
Compte tenu du bilan de ces expérimentations, la secrétaire d’Etat à l’écologie, Bérangère Couillard, a présenté le 21 mars 2023 les 8 enjeux environnementaux que le gouvernement souhaite intégrer dans le dispositif de l’affichage environnemental.
Attention, il s’agit bien d’enjeux environnementaux que le gouvernement souhaite voir être pris en compte dans le calcul de l’affichage environnemental. Mais ce ne sont pas des indicateurs d’impacts. Autrement dit, comment faire pour que la consommation d’eau se retrouve dans le calcul de l’affichage environnemental ? Comment faire pour que la durabilité physique soit intégrée ? Pareil pour les rejets de microplastiques, etc…
Après plusieurs mois de concertation, le ministère de la transition écologique a finalement présenté, le 3 avril 2024, la méthode de calcul complète retenue pour l’affichage environnemental dans le textile.
Le calcul de l’éco-score reposera bien sur l’ACV et les 16 indicateurs PEF.
Néanmoins, ces 16 indicateurs ne permettent pas de prendre en compte correctement l’ensemble des impacts environnementaux souhaités par le gouvernement.
Des critères additionnels ont donc été pensés. C’est ce que l’on appelle les compléments hors ACV et il y en a 3 :
- Un complément “Export hors Europe”
en l’état, les référentiels prévoient que les vêtements sont éliminés localement, réutilisés ou recyclés. Or, de nombreux vêtements sont exportés hors Europe et directement jetés sans être réutilisés, dans des pays qui souvent ne bénéficient pas de filière de gestion des déchets. Ce complément doit donc permettre de prendre en compte l’impact des vêtements qui se retrouvent sous forme de déchets dans d’autres pays que les pays européens.
- Un complément microfibres
Les microfibres, ce sont ces minuscules particules présentes sur les vêtements et qui sont relarguées dans la nature (eau, air, sol) tout au long du cycle de vie du vêtement. Actuellement, ce n’est pas pris en compte dans le PEFCR A&F. Ces microfibres, comme les microplastiques, peuvent être persistantes et toxiques pour les organismes vivants.
- Un complément sur la durabilité
C’était un des enjeux majeurs de la construction de cette méthode de calcul : réussir à prendre en compte et à refléter dans le score la durabilité des vêtements.
Deux types de durabilité existent :
- la durabilité physique du vêtement, c’est-à-dire la capacité du vêtement à résister à l’usure
- la durabilité non physique, qui prend en compte d’autres critères afin d’apprécier la possibilité que le vêtement soit porté plus longtemps
La prise en compte de la durabilité physique est à l’étude dans le cadre du projet PEFCR A&F. Le complément sur la durabilité dans le calcul de l’affichage environnemental ne prend en compte pour le moment que la durabilité non physique.
Pour cela, 5 critères ont été définis :
- la largeur de la gamme : il s’agit du nombre de références commercialisés par la marque ou sur une plateforme
- la durée de commercialisation : il s’agit du nombre de jours pendant lesquels les produits sont commercialisés
- le type de matières : il est estimé ici que la matière du vêtement entre en compte dans l’attachement du consommateur à ce même vêtement et donc au soin qui lui est apporté. Les matières naturelles d’origine animale bénéficient ainsi du meilleur score, les matières synthétiques ou artificielles du plus mauvais score
- l’incitation à la réparation : sont pris en compte le rapport entre le coût moyen de réparation et le prix de vente ainsi que la mise à disposition de services de réparation ou de garantie.
- l’affichage de la traçabilité des étapes de fabrication : affichage de la traçabilité sur les étapes, a minima, de la confection, de l’ennoblissement (ou de la teinture) et du tissage/tricotage
Ces 5 critères permettent de déterminer le coefficient de durabilité : 0,5 pour les pour les vêtements les moins durables, 1,5 pour les plus durables. Ce coefficient vient ensuite “aggraver” ou “diminuer” le coût environnemental global.
A noter que l’Etat a lancé la plateforme Ecobalyse pour permettre aux entreprises et aux autres professionnels des secteurs textile et alimentaire d’avoir une première vision de l’impact environnemental de leurs produits.
Pour trouver plus d’informations sur la méthodologie, les indicateurs environnementaux et les compléments hors ACV, vous pouvez consulter la documentation fournie sur Ecobalyse.
2.2 La méthodologie pour le secteur alimentaire
Pour le calcul de l’éco-score alimentaire, le principe est le même. La méthodologie de base est celle de l’ACV reposant sur les 16 indicateurs PEF, avec là encore des compléments hors ACV.
En effet, certaines pratiques agricoles engendrent des externalités positives qui ne sont pas bien prises en compte dans les indicateurs PEF : agroécologie, maintien des haies ou des prairies, diversité des cultures ou encore les conditions d’élevage.
3 compléments hors ACV sont envisagés :
- un indice de diversité des productions
- la quantité d’infrastructures agroécologiques
- les conditions d’élevages
Ces 3 compléments se présentent sous la forme de bonus hors ACV qui entrent dans le calcul afin de valoriser ces “bonnes pratiques”, favorables notamment à la biodiversité, à l’adaptation des structures agricoles au changement climatique et au bien être animal.
Là encore, vous pouvez vous rendre sur la documentation d’Ecobalyse pour avoir le détail des calculs proposés à date pour l’alimentation.
Attention, pour le secteur de l'alimentaire, la méthodologie définitive n'a pas encore été dévoilée. Ce que nous présentons au-dessus reflète l'état actuel des discussions.
Retrouvez le détail de l'affichage environnemental alimentaire dans notre article : Tout comprendre à l'affichage environnemental alimentaire
3. Préparer l’affichage environnemental dès maintenant
3.1 Pourquoi préparer l’affichage environnemental dès maintenant ?
L’ADEME recommande aux entreprises d’adopter dès maintenant la notation environnementale, quand bien même le dispositif n’est pas encore obligatoire. Pourquoi ?
- Pour permettre une adoption fluide de l’affichage lorsqu’il sera imposé.
- Pour étaler dans le temps les investissements humains et financiers.
- Pour bénéficier plus rapidement d’un avantage commercial sur la concurrence, si vos produits et services ont de bonnes performances carbone.
- Pour profiter de coûts compétitifs sur les accompagnements et la mise en place du dispositif. En effet, les prix des bilans carbones et outils de calcul vont certainement flamber lorsque l’obligation européenne sera en place. Vous devrez intégrer l’évaluation environnementale à vos processus en urgence, augmentant également les investissements.
3.2 Comment anticiper l’évolution de la réglementation ?
Plusieurs étapes sont nécessaires pour adopter l’affichage environnemental. Vous pouvez les anticiper dès maintenant.
- Sensibiliser et former les parties prenantes et collaborateurs en interne. Engager des ressources de l’entreprise pour déployer l’affichage.
- Trouver un partenaire de confiance possédant l’expertise sur les processus de collecte des données, d’ACV et d’affichage carbone.
- Collecter les données spécifiques auprès des fournisseurs et acteurs de la chaîne de valeur.
- Évaluer les performances environnementales des produits et services à l’aide de l’analyse de cycle de vie. Il est préférable de tester et adapter les process en amont.
- Vous pouvez alors identifier les produits et services avec un fort impact environnemental et adopter une stratégie d’amélioration. Ainsi, vous prendrez de l’avance sur les entreprises concurrentes : en réduisant votre impact environnemental dès aujourd’hui, vous baissez votre note d'impact et gagnez un avantage compétitif fort.
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4. Les financements
Le Diag Ecoconception
Vous l’avez compris, les entreprises qui souhaitent réduire l’impact environnemental de leurs produits et ainsi obtenir de meilleures notes dans le cadre de l’affichage environnemental doivent entamer des démarches d’écoconception.
Ca tombe bien puisqu’il existe un dispositif d’aide pour initier cette démarche au sein des entreprises : le Diag Ecoconception.
L’accompagnement dure entre 6 et 8 mois et comprend :
- Une analyse du contexte, définition du périmètre et des enjeux
- Une sensibilisation à l’écoconception et la formation d’un référent écoconception
- La réalisation d’une évaluation environnementale basé sur l’Analyse de Cycle de Vie (ACV)
- L’identification des leviers d’écoconception
- La préparation à la mise en œuvre d’un plan d’action
Les PME de moins de 250 salariés et avec un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou un total de bilan inférieur à 43 millions d’euros sont éligibles.
Après subvention, le prix est de :
- 5400€ HT pour les entreprises entre 1 à 49 salariés et moins de 10M€ de CA ou de total de bilan.
- 7200 € HT pour les entreprises entre 50 à 249 salariés et moins de 50M€ de CA ou 43M€ de total de bilan.
Plusieurs de nos consultants font partie des consultants sélectionnés et habilités pour accompagner les entreprises dans le Diag Ecoconception et réaliser ainsi des ACV au sein de votre entreprise.
Votre affichage environnemental avec Sami
Les consultants Sami vous accompagnent dans le calcul de l'affichage environnemental de vos produits
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