Sami publie la première étude indépendante sur l’empreinte carbone estimée de la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France et le plan d’action à mettre en place pour respecter une trajectoire compatible avec les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, à 100 jours du match d’ouverture France - Nouvelle-Zélande.
Quel serait alors le visage de la compétition ? Plus largement, comment assurer le devenir de ces évènements sportifs internationaux avec un scénario de limitation brutale des émissions de gaz à effet de serre ? Quelles sont les mesures à mettre en place sur les déplacements des supporters, l’hébergement ou encore le merchandising ?
Ce rapport permet de mesurer l’ampleur du chemin à parcourir. Il ne s’agit pas seulement de corriger certains aspects mais bien de repenser les compétitions sportives. Les changements seront profonds. Dans le sport de haut niveau, comme dans les autres secteurs, l’enjeu climatique doit devenir prioritaire.
Les émissions
Selon nos experts carbone, l’édition 2023 de cette Coupe du Monde de Rugby devrait émettre environ 640 000 tonnes d’équivalent CO2 (CO2e). A titre de comparaison, c’est 10 fois moins que la Coupe du Monde de Football au Qatar l’an dernier (environ 6 millions de tCO2e).
Les 3 plus grands postes d’émissions :
- Les déplacements : 465 262 tCO2e, soit 73,3% des émissions totales. C’est de très loin le premier poste d’émissions de la compétition. Et c’est la venue des supporters étrangers qui pèse le plus puisque ces déplacements représentent à eux seuls 55,6% des émissions totales. Par exemple, les 10 000 supporters australiens et les 10 000 supporters néo-zélandais devraient émettre à eux seuls 115 000 tonnes de CO2e, soit plus d’⅙ des émissions de la Coupe du Monde. Viennent ensuite les déplacements en France pour suivre les matchs : 16,9% des émissions totales.
- Hébergement/Restauration : 88 000 tCO2e, soit 13,8% des émissions. Ici, c’est l’hébergement qui pèse le plus lourd avec 98% des émissions du secteur. En cause, les consommations d’énergie dans les hôtels, les snacks, petits-déjeuners ou encore la fabrication du textile utilisé dans les chambres.
- Numérique : 65 401 tCO2e, soit 10,3% des émissions. Ce secteur est en forte progression par rapport à la Coupe du Monde de Rugby en 2017, +30%. 780 millions de foyers devraient suivre la compétition, soit une audience cumulée globale de 4 milliards de téléspectateurs.
Le plan d'actions
Pour définir le plan d’action, nous avons calculé également les émissions de l’édition 2007 de la Coupe du Monde de Rugby à laquelle nous avons appliqué la trajectoire SBT (Science Based Targets). Cela implique une baisse des émissions de 4,2% par an. Pour respecter cet objectif, la Coupe du Monde de Rugby devrait diviser par 3 ses émissions.
Pour y arriver, nos experts ont travaillé sur tous les postes d’émissions de la compétition et ont défini une vingtaine de mesures à mettre en place. En voici quelques unes :
- Garantir que les ⅔ minimum des billets seront vendus aux spectateurs du pays organisateur. Et fixer un quota sur le nombre de supporters étrangers hors région du pays hôte. Ici l’hypothèse retenue est de 1% maximum de supporters non-européens. C’est la mesure la plus drastique mais la seule à même de respecter la trajectoire définie. Potentiel de réduction : -85% d’émissions de CO2e, soit -300 892 tCO2e.
- Hausse significative de l’offre de mobilité bas carbone au sein du pays hôte. Par exemple en proposant des packs spéciaux avec tickets de matchs et des billets à prix réduits pour le train. Potentiel de réduction : -77% d’émissions de CO2e, soit -80 222 tCO2e.
- Orienter les spectateurs vers des hôtels labellisés et développer une offre végétarienne dans les stades et pour les repas des équipes. Potentiel de réduction : -58,5% d’émissions de CO2e, soit -52 141 tCO2e.
- Fixer des quotas de production sur les tenues et produits dérivés, bannir les références les plus émissives, privilégier les produits éco-conçus, fixer un cahier des charges aux fabricants et à leurs fournisseurs. Potentiel de réduction : -43% d’émissions de CO2e, soit -3 714 tCO2e.
Comparaison avec d’autres grandes compétitions sportives
Vous retrouverez tous nos résultats, nos analyses ainsi que l’ensemble du plan d’action dans le rapport complet de l’étude ici.
Contacts
- Alexis Lepage, auteur de l’étude, expert carbone Sami, membre du groupe de travail “sport et climat” du think tank The Shift Project : alexis@sami.eco
- Paul Delanoe, auteur de l’étude, expert carbone Sami : paul@sami.eco
- Axel Girard, CMO Sami : axel@sami.eco
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