CSRD : Comment réussir son analyse de double matérialité ?

Chloé Boucher

Rédactrice climat

Recevez notre newsletter !

La double matérialité est devenue un concept central dans le reporting de durabilité des entreprises européennes. Ce principe fondamental, qui combine l'analyse des impacts financiers et extra-financiers, constitue la pierre angulaire de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) entrée en vigueur le 1er janvier 2024.

Face aux défis climatiques et sociétaux, les entreprises doivent désormais répondre aux attentes croissantes de transparence de leurs parties prenantes. Employés, consommateurs et investisseurs exigent une vision claire et complète de l'impact global des activités sur la société et l'environnement.

La double matérialité répond précisément à cet enjeu en offrant un cadre méthodologique complet pour évaluer la performance durable des entreprises sous deux angles complémentaires :

  • La matérialité financière (vision "Outside-In") : comment l'environnement économique, social et naturel affecte la performance financière de l'entreprise
  • La matérialité d'impact (vision "Inside-Out") : comment l'entreprise impacte son environnement économique, social et naturel

Ce concept, défendu par l'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) et intégré aux standards ESRS (European Sustainability Reporting Standards), diffère significativement de l'approche anglo-saxonne de l'ISSB qui se concentre uniquement sur la matérialité simple. L’EFRAG et l’ISSB ont néanmoins publié en mai 2024 un guide sur l’interopérabilité entre ces deux ensembles de normes afin de faciliter la conformité des entreprises. 

La Commission européenne a choisi de conditionner les thèmes couverts par le reporting CSRD à cette analyse de double matérialité, faisant de cette méthodologie un prérequis incontournable pour les entreprises soumises à la directive.

Réaliser une analyse de double matérialité représente un outil stratégique pour les organisations. Dans cet article, nous vous expliquons en détail ce qu'est la double matérialité, pourquoi elle est essentielle à votre stratégie de durabilité, et surtout comment la mettre en œuvre efficacement pour répondre aux exigences de la CSRD.

1. Que recouvre le concept de double matérialité  ? 

La double matérialité est un outil de construction de la stratégie RSE des entreprises. Il s’agit d’un processus complet consistant à identifier et à hiérarchiser les problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) les plus importants pour une entreprise et ses parties prenantes.

Le concept de double matérialité correspond à l’analyse de deux types de matérialité : la matérialité financière et la matérialité d’impact (ou extra-financière).

  • La matérialité financière ou matérialité simple correspond à la vision « Outside-In » : elle ne prend en compte que les impacts positifs (opportunités) et négatifs (risques) générés par l’environnement économique, social et naturel sur le développement, la performance et les résultats de l’entreprise. Cette première dimension concerne donc les aspects financiers : les revenus, les bénéfices, les flux de trésorerie, etc. 

  • La matérialité d’impact ou matérialité extra-financière socio-environnementale correspond à la vision « Inside-Out ». Elle prend en compte les impacts négatifs ou positifs de l’entreprise sur son environnement économique, social et naturel et englobe donc les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Avec ce concept de double matérialité, les entreprises doivent donc rendre compte à la fois de l'impact de la société et de l’environnement sur leur performance financière mais également de l'impact de leurs activités sur la société et l'environnement. 

Analyse de double matérialité

2. La double matérialité en 2025

2.1 Pour les entreprises de plus de 1000 salariés

Le 26 février 2025, la Commission européenne a présenté ses propositions législatives (Omnibus) pour simplifier les textes de durabilité, notamment la CSRD.

Voici ses principales propositions :

・Réduire le champ d’application : les exigences de reporting ne s'appliqueraient plus qu'aux grandes entreprises de plus de 1 000 salariés (et soit un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros, soit un total de bilan supérieur à 25 millions d'euros). Le nombre d'entreprises concernées serait réduit d'environ 80 %.

・Pour les entreprises qui ne seront plus concernées, la Commission adoptera par acte délégué une norme de reporting volontaire, basée sur la norme VSME.

・Seules ces informations pourront être demandées par les entreprises concernées par la CSRD et souhaitant obtenir des informations de leurs entreprises de leur chaîne de valeur comptant moins de 1 000 employés.

・La Commission souhaiterait réviser les normes européennes de reporting sur la durabilité (ESRS) afin, notamment, de réduire “substantiellement” le nombre de points de données.

・Reporter de deux ans l'entrée en application des exigences de reporting pour les grandes entreprises qui n'ont pas encore commencé à mettre en œuvre la CSRD et pour les PME cotées (vagues 2 et 3) pour éviter qu’elles ne commencent leur rapport alors qu’elles seront peut être exclues du champ d’application si les propositions de la Commission sont confirmées.  

En revanche, la Commission européenne indique très clairement que le principe de double matérialité n’est pas remis en cause. Toutes les entreprises dans le champ d’application de la CSRD devront donc réaliser une analyse de double matérialité conforme aux ESRS.

2.2 Pour les entreprises de moins de 1000 salariés

Le cadre de reporting volontaire pour les entreprises qui ne sont plus directement dans le champ d’application de la CSRD n’est pas encore connu précisément.

Néanmoins, la Commission indique que ce cadre volontaire reposera sur les normes VSME publiées en décembre 2024 par l’EFRAG.

Aujourd’hui, l’analyse de double matérialité n’est pas obligatoire pour les entreprises qui veulent appliquer les VSME. Ce sera néanmoins un des enjeux majeurs des négociations qui vont se dérouler dans les prochaines semaines et les prochains mois autour du futur cadre volontaire. De nombreux députés européens espèrent en effet que la double matérialité sera bien incorporée dans ce cadre de reporting, notamment dans un souci de cohérence car les entreprises de plus de 1000 salariés appliqueront la double matérialité et demanderont des informations aux entreprises de moins de 1000 salariés qui elles pourraient n’appliquer qu’une matérialité simple.  

3. Pourquoi faire son analyse de double matérialité ?  

La double matérialité présente de nombreux avantages. En combinant les dimensions financières et d’impact, elle permet aux entreprises : 

  • D'évaluer leur impact global, d'appréhender l’ensemble des risques et des opportunités et d’être plus transparente quant à leur performance. 
  • De répondre aux attentes croissantes des parties prenantes : les investisseurs, les consommateurs, les employés etc. Le fait de mener une analyse de double matérialité peut renforcer leur confiance vis-à-vis de l’organisation, offrir un avantage concurrentiel, conférer une bonne réputation de l’entreprise, etc. 
  • De hiérarchiser efficacement les enjeux et dégager une feuille de route des priorités. La double matérialité leur permet de connaître les changements à mettre en œuvre afin de garantir leur durabilité, d’intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans leur stratégie et leurs actions via notamment la mise en place de politiques et de pratiques responsables.

4. Comment réaliser son analyse de double matérialité ? 

{{newsletter-blog-2}}

Il est important de noter d’abord que les normes européennes n’imposent pas la manière dont la double matérialité doit être conduite par les entreprises car un process unique ne conviendrait pas face aux multiples secteurs d’activités, organisations ou chaînes de valeurs des organisations concernées par la CSRD. 

Néanmoins, tous les acteurs de la CSRD, à commencer par l’EFRAG, s’accordent sur les mêmes grandes étapes, en commençant par l’identification du contexte de l’entreprise (activités, parties prenantes, etc…) jusqu’à la sélection des enjeux matériels et la préparation du reporting en conséquence. 

Ainsi, on peut séparer la démarche en 3 grandes étapes incontournables.

Double matérialité
Source : Sami

4.1 Identification des enjeux pour votre double matérialité

Pour cela, il faut : 

  • Un état des lieux du contexte de l’entreprise

Il s’agit de comprendre les activités de l’entreprise, les produits ou services qu’elle vend, les lieux où elle opère, ses états financiers, etc… 

  • Une cartographie de la chaîne de valeur et des parties prenantes

L’enjeu, c’est de retracer les flux, cartographier sa chaîne de valeur, aussi bien en amont qu’en aval pour ensuite identifier les parties prenantes affectées par les opérations de l’entreprise et sur l’ensemble de sa chaîne de valeur. 

  • Etablir une première liste des enjeux de durabilité à considérer

Il s'agit ici de dresser une liste de tous les enjeux qui vont être ensuite analysés sous l’angle de la double matérialité afin de déterminer quels sont ceux qui sont matériels. 

Pour établir cette liste, on ne part pas de rien. 

La première source, c’est la liste des enjeux de durabilité fournie par l’EFRAG elle-même et que l’on trouve dans l’ESRS 1, AR 16 (page 26 de ce document). L’EFRAG détaille les thèmes, sous-thèmes et sous-sous-thèmes qui doivent être considérés. 

Mais ce ne doit pas être la seule source. Cette liste doit être complétée par une revue documentaire permettant d’identifier des enjeux spécifiques à l’entreprise grâce à des documents internes ou à une étude de son secteur d’activité. Ainsi, un benchmark des enjeux sélectionnés par les concurrents de l’entreprise peut être très utile, tout comme l’analyse des cadres volontaires sectoriels publiés par le Sustainability Accounting Standards Board (SASB), la Global Reporting Initiative (GRI) ou le Morgan Stanley Capital International (MSCI). 

4.2 Description et cotation des impacts, risques et opportunités (IRO) dans l'analyse de double matérialité

On entre ici dans le cœur de la double matérialité puisqu’il s’agit de déterminer, à partir de la liste construite précédemment, quels sont les enjeux matériels. 

Pour ce faire, l'organisation doit déterminer les impacts, risques et opportunités (IRO) liés aux enjeux de durabilité sur sa chaîne de valeur. Puis elle doit appliquer des critères d’évaluation sur la matérialité d’impact et la matérialité financière afin de déterminer quels sont les IRO matériels. 

Voici les critères à prendre en compte : 

  • Pour la matérialité d’impact

Pour les impacts négatifs, c’est la gravité de l’impact qui est jugée ainsi que sa probabilité d'occurrence pour les impacts potentiels. Le critère de gravité de l’impact dépend lui-même de 3 critères : 

  • son ampleur : quelle est l’importance ou la gravité de l’impact ? Sur les droits humains ou sur l’environnement par exemple.
  • son étendue : quelle est la portée de l’impact ? Par exemple l’étendue des dommages environnementaux
  • et son caractère irrémédiable : dans quelle mesure l’impact peut être réparé ? Est que les dommages environnementaux peuvent être restaurés et dans quelle mesure l’environnement peut-il revenir à une situation au moins équivalente à celle constatée avant l’impact négatif ?  

Pour les impacts positifs, seules l’ampleur et l’étendue de l’impact sont évaluées, ainsi que sa probabilité d’occurrence pour les impacts potentiels. 

En résumé : 

Matérialité d'impact
Source : Sami

  • Pour la matérialité financière

Pour rappel, la matérialité financière correspond aux risques et opportunités générés par l’environnement économique, social et naturel sur les performances financières de l’entreprise. 

Pour évaluer cette matérialité financière, deux critères sont à prendre en compte : 

  • l’ampleur potentielle des effets financiers sur la base de seuils appropriés
  • la probabilité d’occurrence

Cette analyse doit se faire à court, moyen et long terme. 

Matérialité financière
Source : Sami

Des seuils doivent donc être utilisés afin de statuer sur la matérialité ou non des risques et opportunités. Il peut s’agir de seuils monétaires absolus ou relatifs tels qu’un pourcentage du montant correspondant à ses revenus, ses coûts, ses actifs totaux ou sa valeur nette. 

Une évaluation qualitative doit aussi être menée puisque certaines entreprises, du fait de leurs activités, sont exposées à des risques de réputation. Ce risque, bien qu’il ne puisse être évalué, peut influencer la disponibilité du financement et/ou le coût du financement et, par conséquent, peut être financièrement matériel.

Pour les deux matérialités, d’impact et financière, l’organisation doit alors établir un système de notation personnalisé afin de mesurer l’intensité de chaque critère : une échelle de 0 à 3 par exemple, ou de 1 à 5. C’est à l’entreprise de décider, l’EFRAG n’impose pas de méthodologie unique. Une fois le système de notation établi, il faut enfin définir les seuils au-delà desquels les IRO seront considérés comme matériels. 

Là encore, l’EFRAG n’impose pas de méthodologie pour le choix du seuil, qualitatif ou quantitatif, pour l’entreprise mais cette dernière devra justifier la manière dont ces seuils ont été définis et appliqués. 

Découvrez notre article consacré à l'identification et à l'évaluation des IRO

4.3 Préparation du reporting de double matérialité

Il s’agit de mettre en forme les résultats et de préparer le reporting en conséquence. 

Le format privilégié reste la matrice de double matérialité qui permet de visualiser et hiérarchiser simplement les enjeux matériels. 

L'entreprise peut alors définir quels sont les exigences de publication et les datapoints à intégrer au rapport de durabilité. 

5. Comment Sami vous accompagne dans l’analyse de double matérialité ? 

Grâce à notre module CSRD intégré à notre plateforme et grâce à l’accompagnement par des cabinets de conseil partenaires spécialisés et sélectionnés pour leur expertise, nous sommes en mesure de vous accompagner sur la réalisation de votre rapport de durabilité et notamment sur votre double matérialité. Voilà un résumé de ce que nous proposons à chacune des étapes. 

5.1 Sur l’identification des enjeux

Nos consultants apportent toute leur expertise pour aider l’entreprise à dresser une première liste d’enjeux potentiellement matériels : construction d’un benchmark des concurrents, revue documentaire des référentiels internationaux, analyse du secteur, compréhension du contexte global de l’organisation. 

Notre logiciel permet dans cette première étape de cartographier l’ensemble de vos parties prenantes (collaborateurs, clients, fournisseurs…) et d’adapter le référentiel ESRS à votre situation. La liste des enjeux de durabilité, détaillée en thèmes, sous-thèmes et sous-sous-thèmes, fournie par l’EFRAG est intégrée à notre plateforme. Vous n’avez plus qu’à paramétrer l’outil pour l’adapter à vos enjeux. 

Double matérialité
Source : Sami

 

5.2 Sur la description et la cotation des impacts, risques et opportunités (IRO)

Durant cette phase, notre logiciel permet notamment : 

  • D’évaluer facilement vos IRO

Pour chacun des enjeux matériels définis, le logiciel propose une liste d’IRO. Vous déterminez la cotation de ces IRO en fonction des critères attendus par l’EFRAG et le logiciel calcule automatiquement le score de matérialité de chacun des IRO. La grille d’évaluation repose sur les standards de l’EFRAG. 

L’exercice commence avec une réunion sur site avec nos consultants et les personnes en charge du projet CSRD de l’entreprise afin de vous donner les clés de la cotation des différents IRO.  

Cotation des IRO
Source : Sami

Nos consultants suivent cette étape avec vous, examinent une première fois les résultats de la cotation (avant des rectifications si besoin) et préparent le tableau récapitulatif des IRO matériels, un livrable requis par l’ESRS 2. 

  • De solliciter vos parties prenantes

Les normes de reporting n’imposent pas de mettre en place un dialogue avec les parties prenantes pour l’analyse de double matérialité. 

Néanmoins, échanger avec vos parties prenantes (internes et externes) doit vous permettre d’abord de comprendre comment elles sont ou peuvent être impactées et ainsi vous aide à évaluer la gravité et la probabilité des impacts. C’est donc un acteur important dans la construction de la matérialité de vos enjeux. Et le dialogue avec vos parties prenantes peut également intervenir dans un second temps, une fois la matérialité définie, afin de confirmer ou infirmer avec elles l’évaluation de matérialité.

Voilà pourquoi notre logiciel permet d’interroger simplement et efficacement les parties prenantes que vous aurez identifiées. Des modèles de questionnaires prêts à l’emploi et pensés pour la CSRD sont intégrés. Mais vous pouvez également définir vos questionnaires personnalisés avec une multitude de champs disponibles. Enfin, le logiciel agrège et analyse automatiquement les réponses de vos parties prenantes afin d’enrichir la cotation de vos IRO. 

Double matérialité
Source : Sami

5.3 Sur la préparation du reporting

Sur la base de la cotation des IRO et du calcul automatique des scores de matérialité pour chaque enjeu, notre logiciel fournit automatiquement une matrice de double matérialité afin de vous permettre de visualiser en un coup d'œil vos enjeux matériels. 

Matrice de double matérialité
Source : Sami

Nos consultants préparent par ailleurs le rapport de matérialité afin de détailler la méthodologie suivie et les résultats obtenus (livrable requis dans l’ESRS 2) et préparent un tableau récapitulatif des enjeux matériels, des exigences de publication et des datapoints qui seront à intégrer au rapport. 

En parallèle, le logiciel est lui paramétré afin de mettre en place le protocole de collecte des données et de rédaction du rapport de durabilité. 

{{newsletter-blog-3}}

Vous avez encore des questions sur l’analyse de double matérialité ? Vous pouvez consulter notre article Questions/Réponses sur la CSRD

6. Un exemple d'analyse de double matérialité : le groupe EBRA

Dans cet article, vous retrouverez le témoignage de Rémy Ramstein, directeur industriel, des achats et de la RSE du groupe de presse EBRA (qui possède 9 titres de presse régionale dans l'Est de la France et emploie 3500 collaborateurs). Il explique le processus de préparation du premier rapport de durabilité CSRD du groupe et notamment de leur analyse de double matérialité.

Points clés de l'interview sur leur double matérialité :

  1. Organisation interne : Le projet est piloté par une équipe (1,3 ETP) dédiée à la RSE, avec un suivi trimestriel au COMEX. Un important travail de pédagogie a été nécessaire pour familiariser la direction avec les concepts de la CSRD.
  2. Consultation des parties prenantes : 400 parties prenantes ont été consultées au total, dont 50 en entretiens individuels (membres du COMEX, experts internes et externes) et 350 via des questionnaires (salariés, annonceurs, lecteurs).
  3. Résultats de l'analyse : Sur 58 IRO identifiés initialement, 38 sont ressortis comme matériels. Ces IRO ont été regroupés en enjeux de durabilité pour plus de lisibilité dans la matrice de double matérialité.
  4. Collecte de données : Environ 400 datapoints doivent être collectés (contre 300 pour l'ancienne DPEF), dont certains ont été créés spécifiquement pour représenter l'activité journalistique du groupe.
  5. Enseignements : Rémy Ramstein souligne l'importance d'anticiper (au moins un an de préparation), de se faire accompagner par des experts, et de considérer la CSRD non comme un projet ponctuel mais comme une démarche d'amélioration continue qui enrichit la stratégie RSE de l'entreprise.

Le témoignage de Rémy Ramstein illustre comment la mise en conformité avec la CSRD et notamment la double matérialité, au-delà de leur aspect réglementaire, ont permis au groupe EBRA de structurer sa démarche RSE et d'établir un dialogue constructif avec tous les acteurs de leur chaîne de valeur.

7. FAQ sur l'analyse de double matérialité

Qu'est-ce que la double matérialité dans le contexte de la CSRD ?

La double matérialité est un concept central de la directive CSRD qui combine deux perspectives complémentaires : la matérialité financière (comment l'environnement économique, social et naturel affecte la performance financière de l'entreprise - vision "Outside-In") et la matérialité d'impact (comment l'entreprise impacte son environnement économique, social et naturel - vision "Inside-In"). Cette approche permet d'évaluer de manière globale la performance durable d'une entreprise.

Quelle est la différence entre matérialité simple et double matérialité ?

La matérialité simple (ou matérialité financière) ne considère que les impacts de l'environnement sur la performance financière de l'organisation. C'est l'approche privilégiée par l'ISSB. La double matérialité, défendue par l'EFRAG, ajoute une seconde dimension : l'impact de l'entreprise sur la société et l'environnement. Cette approche plus complète permet d'identifier des enjeux qui pourraient être négligés dans une matérialité simple.

Comment structurer une analyse de double matérialité ?

Elle se structure en trois grandes étapes :

  1. Identification des enjeux : cartographie du contexte de l'entreprise, de sa chaîne de valeur et des parties prenantes, puis établissement d'une liste préliminaire d'enjeux de durabilité.
  2. Description et cotation des impacts, risques et opportunités (IRO) : évaluation des IRO selon des critères spécifiques pour la matérialité d'impact et la matérialité financière.
  3. Préparation du reporting : formalisation des résultats et définition des exigences de publication pour le rapport de durabilité.

Comment définir les seuils de matérialité pour mon entreprise ?

L'EFRAG n'impose pas de méthodologie unique pour définir les seuils de matérialité. Chaque entreprise doit établir son propre système de notation (par exemple une échelle de 0 à 3 ou de 1 à 5) et définir les seuils au-delà desquels les IRO seront considérés comme matériels. L'entreprise devra justifier la manière dont ces seuils ont été définis et appliqués dans son rapport de durabilité.

Est-il nécessaire de consulter les parties prenantes pour l'analyse de double matérialité ?

Bien que les ESRS n'imposent pas formellement la consultation des parties prenantes, leur consultation permet de mieux comprendre comment elles sont ou peuvent être impactées et ainsi d'évaluer plus précisément la gravité et la probabilité des impacts. C'est donc une pratique fortement recommandée.

Combien de temps faut-il prévoir pour réaliser une analyse de double matérialité ?

Selon l'expérience partagée par les entreprises ayant déjà réalisé cet exercice, il est recommandé de prévoir entre 3 et 6 mois. Ce délai permet de consulter efficacement les parties prenantes, d'étudier les résultats et de formaliser les conclusions.

Comment l'analyse de double matérialité s'articule-t-elle avec les autres exigences de la CSRD ?

La double matérialité constitue le socle du reporting CSRD. Elle permet de déterminer quels sont les enjeux matériels et donc quelles exigences de publication (datapoints) doivent être intégrées au rapport de durabilité. Sans cette analyse préalable, il est impossible de structurer efficacement son reporting CSRD.

L'analyse de double matérialité doit-elle être mise à jour régulièrement ?

Oui, elle doit être révisée régulièrement pour refléter l'évolution du contexte économique, social et environnemental dans lequel évolue l'entreprise. Les ESRS recommandent une révision au moins tous les 3 ans ou plus fréquemment en cas de changements significatifs.

Comment utiliser les résultats de l'analyse au-delà du reporting CSRD ?

Les résultats peuvent être utilisés pour :

  • Enrichir la stratégie RSE de l'entreprise
  • Prioriser les actions et les investissements en matière de durabilité
  • Structurer le dialogue avec les acteurs internes et externes
  • Identifier de nouvelles opportunités business
  • Anticiper les risques émergents liés aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance

Quels sont nos autres contenus sur la CSRD ? 

- Tout comprendre à la CSRD

- L’ensemble des datapoints attendus dans ce DR n°1 de l’ESRS E1 (et tous les autres datapoints) dans ce document : Sami : CSRD - ESRS Data Points.

- CSRD : tout comprendre à la norme ESRS E1 sur le changement climatique

- Construire un plan de transition aligné avec la CSRD

- Les normes ESRS : comprendre les critères de reporting européens

Mission Décarbonation

Chaque mois, un décryptage de l’actualité climat des entreprises et nos conseils pour vous décarboner, suivis par plus de 5000 responsables RSE.

Ne ratez plus les dernières actualités climat et anticipez
les nouveautés réglementaires !

Découvrez notre guide pour réussir son analyse de double matérialité

Vous y trouverez la méthodologie, étape par étape, ainsi que le décryptage d'un consultant RSE

Son analyse de double matérialité avec Sami

Sur la même thématique

Nos autres articles pour aller plus loin, écrits avec autant de passion 👇

Illustration Blogpost
Réglementations
20/3/2025
7 mins

CSRD : tout comprendre à la norme ESRS E1 “Changement climatique”

Quel est l’objectif de la norme ESRS E1 "Changement climatique" de la CSRD ? Quelles informations les entreprises vont-elles devoir divulguer ? On fait le point.

Chloé Boucher

Rédactrice climat

Illustration Blogpost
Réglementations
20/3/2025
08 mins

Les normes ESRS : comprendre les critères de reporting européens

Quelles sont les nouvelles normes ESRS de reporting voulues par la Commission européenne ? Comment s’y préparer le mieux possible ? On vous éclaire !

Chloé Boucher

Rédactrice climat

Illustration Blogpost
Réglementations
20/3/2025
8 mins

Omnibus : les principales propositions de la Commission européenne sur la simplification des textes de durabilité

Voici les principales modifications proposées dans la législation Omnibus sur la CSRD, la CSDDD et la Taxonomie.

Chloé Boucher

Rédactrice climat

Les commentaires

Merci, votre commentaire a bien été envoyé et sera publié dès validation par notre équipe 🤓
Votre commentaire n'a pas été envoyé, veuillez réessayer et nous contacter si le problème persiste 🤔
Pas encore de commentaire, soyez le premier à réagir ✍️