Vous avez suivi la formation Stratégie climat de Sami Academy en 2024. Quel est le contexte autour des sujets RSE chez Interor ?
La RSE chez Interor existe depuis longtemps mais nous avons commencé à la structurer réellement en 2022. C’est à ce moment-là que nous avons formalisé un certain nombre d’enjeux et d’objectifs. Et l’environnement est évidemment un enjeu dominant dans l’industrie de la chimie. C’est pour cela que nous avons réalisé notre premier bilan carbone complet (scopes 1, 2 et 3) en 2023 mais nous voulions aller plus loin que la mesure afin de travailler sur le suivi et la réduction de nos émissions. L’idée était donc d’avancer sur un plan d’action, un objectif de réduction et une trajectoire de baisse de nos émissions. Il nous fallait structurer cette démarche, donner une direction claire à nos actions. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes rapprochés de l’Alliance Pacte PME pour la décarbonation qui nous a redirigé vers Sami.
Pourquoi avez-vous commencé à structurer votre démarche RSE en 2022, notamment sur la partie mesure et réduction de vos émissions ? Est-ce pour répondre à des enjeux réglementaires ? Des demandes de vos clients ?
Nous avons identifié 3 enjeux prioritaires. Le premier, c’est que le secteur de la chimie n’a pas une très bonne image d’un point de vue environnemental. Donc nous avions la volonté de prouver que des entreprises peuvent s’engager sur ces sujets de façon sérieuse et ambitieuse. C’est un enjeu de marque et d’image pour Interor et pour tout le secteur.
Le deuxième volet, c’est que nos clients sont des grandes entreprises, des grands comptes soumis à des réglementations et qui donc nous demandent de plus en plus de transparence, de chiffres, de données sur notre empreinte carbone. S’engager dans une démarche de mesure et de réduction de nos émissions nous permet de répondre à ces demandes mais aussi de gagner en visibilité auprès des entreprises de notre secteur.
Enfin, le dernier enjeu était de pouvoir répondre aux demandes de nos investisseurs, là encore sur nos données carbone.
C’est cette volonté de passer d’un exercice de comptabilité carbone à la mise en place d’une stratégie globale de réduction des émissions qui vous a poussé à suivre la formation Stratégie climat de Sami ?
Lorsque nous avons réalisé notre bilan carbone en 2023, via le dispositif Diag Décarbon’Action, nous avons également travaillé sur un premier plan d'action. Mais nous avions besoin de soutien pour réussir à mettre en œuvre des mesures cohérentes avec notre objectif de réduction des émissions.
Nous souhaitions nous former afin d’acquérir des connaissances supplémentaires et une méthodologie pour fixer les bons objectifs, choisir les actions les plus efficaces et savoir les mettre en place. On peut avoir beaucoup d’idées, on peut mettre sur le papier un plan d’action mais sans savoir réellement par où commencer. Arrive ensuite le quotidien, l’opérationnel, cela prend beaucoup d’énergie, beaucoup de temps et finalement, il peut y avoir peu de choses de faites.
Nous voulions éviter à tout prix que la dynamique qui était née au sein de l’entreprise suite à la réalisation de notre bilan carbone s'essouffle et nous éloigne de nos objectifs de réduction. Je pense que c’est un enjeu majeur pour les PME comme la nôtre, où les moyens humains et financiers sont plus limités.
Qu’est-ce que vous retenez de cette formation ?
Sur la forme d’abord, j’ai beaucoup aimé le fait que la formation soit découpée en plusieurs sessions. Cela permet de bien assimiler les informations et de nous laisser le temps d’approfondir les nouveaux éléments entre chaque session. Ensuite, la formation est dynamique, avec des questionnaires, des quizz en temps réel pendant les sessions. Et le formateur est un expert.
Sur le fond, c’est très complet et la formation aborde les enjeux qui étaient pour nous essentiels : comment construire notre trajectoire de réduction des émissions ? Comment élaborer son plan d’action en fonction de ses objectifs ? Que prendre en compte dans le cadre d’une stratégie climat globale ? Il y a toute une partie également autour des risques (financiers, physiques, réputationnels…) qui pèsent sur les entreprises qui ne s'engagent pas dans une démarche de transition, c’est très intéressant. Tout cela permet de saisir les tenants et les aboutissants d’une stratégie de réduction des émissions.
Est-ce que vous avez pris en main la plateforme Sami depuis votre formation ?
Oui nous avons déjà commencé à intégrer un certain nombre d’actions à la plateforme, avec les modélisations de réductions d’émissions de gaz à effet de serre associées. Nous travaillons sur notre trajectoire et visuellement, c’est très agréable. Cela permet de se rendre compte véritablement de ce que notre plan d’action peut apporter et des efforts restant à mener. Désormais, nous sommes en train de plancher sur des actions très techniques et spécifiques à notre secteur et à nos activités.
Vous allez continuer à travailler sur la plateforme ?
C’est l’objectif ! Nous avons intégré sur la plateforme notre bilan carbone effectué en 2023. Nous comptons réaliser un nouveau bilan carbone en 2025 sur les données de l’année 2024 et le faire, de manière autonome, sur la plateforme Sami. Ce qui nous permettra de suivre dans le temps nos émissions de gaz à effet de serre et en parallèle d’adapter notre plan d’action et notre trajectoire de réduction sur le même outil.
Avec notre précédent bilan carbone réalisé “en dehors” du logiciel, nous avions des fichiers un peu partout, il n’était pas possible de mettre à jour facilement et rapidement les facteurs d’émissions et donc la mesure de nos émissions. Bref, ce n’était vraiment pas l’idéal.
Et c’est ce qui va changer grâce à la plateforme.
Oui en basculant sur l’application Sami, nous allons pouvoir centraliser nos données et permettre également à plusieurs de nos collaborateurs de l’entreprise de travailler directement sur la plateforme alors que jusque-là, seul le responsable RSE collectait les données puis les intégrait dans des fichiers Excel.
Vous vous êtes fixés un objectif de réduction de 15% des émissions de gaz à effet de serre en 2030. Sur quels postes d’émissions allez-vous concentrer vos efforts dans un premier temps ?
Pour notre entreprise, les principaux postes d’émissions, ce sont les achats de matières premières, puis les consommations d’énergies et enfin les déchets.
Donc nous travaillons beaucoup sur l’énergie. Nous allons bientôt installer des panneaux solaires sur le parking de l’entreprise, par exemple. Et sur les déchets, nous nous efforçons d’améliorer la valorisation et la régénération de nos solvants. Nous le faisons déjà puisque nous réutilisons beaucoup nos solvants de fabrication, d’une synthèse à l’autre. Mais là l’objectif, c’est d’aller plus loin en envoyant nos solvants que nous ne pouvons plus réemployer à un prestataire externe qui pourra les régénérer pour du recyclage ou une nouvelle utilisation.
Sur les achats, nous y réfléchissons mais c’est un travail plus conséquent et qui va mettre un peu plus de temps à s’installer.
Votre prochain bilan carbone est prévu l’an prochain. Avez-vous fixé une fréquence de réalisation de votre bilan carbone ?
Nous avons l’ambition de le refaire tous les 3 ans. C’est ce qui nous semble à la fois le plus pertinent pour suivre nos émissions et le résultat des actions que nous mettons en place et en même temps le plus réaliste étant donné l’investissement que cela demande pour une entreprise comme la nôtre.
Tout en continuant à suivre votre plan d’action et votre trajectoire de réduction sur la plateforme en parallèle.
Tout à fait. Et d’ailleurs, sur l’énergie ou les déchets, nous sommes en capacité de suivre nos indicateurs quasi quotidiennement, sans attendre une collecte approfondie des données tous les 3 ans.