Guide RSE : 7 étapes pour la mettre en place

Bérénice Bieuville

Rédactrice climat

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Plus aucune entreprise ne peut faire l’impasse sur cette démarche : il s’agit bien sûr de la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Les consommateurs l’attendent, la réglementation l’impose (loi Pacte 2019), les partenaires se laissent séduire… Bref, cette stratégie environnementale et sociale a le vent en poupe ! Pourtant, sa mise en place reste complexe. Vous voulez mener une stratégie RSE dans votre entreprise ? Mais vous ne savez pas par où commencer, entre choix de norme environnementale, rapport RSE et éco-gestes au bureau ? Nous vous détaillons les 7 étapes concrètes pour réussir votre démarche RSE !

1. Comprendre la RSE en entreprise : définition, piliers, enjeux, avantages

Première étape : comprendre. Cela peut sembler étonnant. Pourtant, rien de pire que se lancer dans une telle aventure stratégique sans en maîtriser les bases. 

1.1  Responsabilité sociale des entreprises : qu’est-ce que c’est ?

La stratégie RSE d’une société ne se résume pas à encourager son personnel à emprunter le vélo, ou à proposer une alternative végétarienne à la cantine. C’est bien plus large que ça.

La RSE, c’est la stratégie mise en place par les entreprises pour prendre leurs décisions en fonction de leurs impacts. 

Fini le temps où seul l’argument financier suffisait. Cette démarche sociale et en faveur de l’environnement se pose comme un garde-fou, comme une garante des décisions de l’entreprise, face aux enjeux de notre siècle. 

Ainsi, la RSE permet aux sociétés de…

  • Constater les impacts actuels des entreprises sur leur écosystème, environnementaux, économiques en particulier.
  • Structurer un plan d’action pour améliorer ces impacts.
  • Suivre l’évolution de ces impacts dans le temps.
  • Communiquer avec transparence ces réflexions aux parties prenantes que ce soit aux salariés mais aussi aux correspondants externes. 

1.2  3 piliers bien connus… Mais désormais insuffisants !

Du développement durable à la RSE, on retrouve ces fameux 3 piliers d’engagement :

  • social ;
  • environnemental ;
  • économique.


Cependant, cette définition simplifiée ne suffit plus.

De plus en plus, on y ajoute les enjeux de :

  • gouvernance (prises de décision justes et participatives) ;
  • territoire (ancrage sur le territoire, impact positif local, dynamisation de communautés, etc.)

Par ailleurs, on peut détailler les volets environnementaux (réchauffement climatique, protection de la biodiversité, économie des matières premières, etc.) et social (respect des consommateur.rices, conditions de travail, etc.).

1.3 Les 7 thématiques de la norme ISO 26 000

La norme ISO 26 000 (certainement la plus fiable et recommandée en matière de RSE !) propose 7 thématiques aux organisations pour évaluer leurs impacts. 

  • Gouvernance de l’organisation.
  • Droits de l’humain.
  • Relations et conditions de travail.
  • Environnement.
  • Loyauté des pratiques.
  • Respect des consommateur.rice.s.
  • Communautés et développement local.


Voilà une autre grille de lecture des impacts de l’entreprise.

En tant que responsable des sujets RSE, cette compréhension des enjeux est indispensable pour mener une démarche cohérente… Et l’expliquer aux parties prenantes (salariés, partenaires externes à l’entreprise).

2. Impliquer les parties prenantes dans la démarche et définir les objectifs de l’entreprise

À cette étape, vous pouvez désigner une ou plusieurs personnes responsables de mener la démarche RSE dans l’entreprise, et si vous disposez déjà d’un responsable RSE c’est encore mieux !

2.1  Pourquoi impliquer les parties prenantes dans la responsabilité sociétale de l’entreprise ?

Les parties prenantes doivent faire partie intégrante de votre stratégie RSE. En effet, vous aurez besoin de leur implication pour : 

  • récupérer des données d’impact lors de l’audit ;
  • mener conjointement des améliorations RSE ; 
  • engager des changements de comportements ;
  • promouvoir une politique de développement durable.

Ainsi, commencez par cartographier les parties prenantes : clients, salariés et instances représentatives du personnel, partenaires, fournisseurs, structures de financement, entreprises concurrentes, etc.

Ensuite, pour chaque acteur, identifiez comment engager (ou approfondir) le dialogue. À cette étape, vous aurez besoin d’arguments solides pour convaincre de l’importance de la RSE et mener une bonne gestion du changement. Nous y venons !

2.2  Les avantages de la RSE

Quel est l’intérêt de la RSE pour les entreprises ? La Responsabilité Sociétale des Entreprises, ce n’est pas seulement des coûts. Au contraire ! Cette démarche s’accompagne de nombreux bénéfices. 

  • Gain de compétitivité, auprès de la clientèle, mais également des partenaires ou investisseurs. Les structures et individus ont de plus en plus d’exigences sur les engagements sociaux et ceux liés à l’environnement. 
  • Anticipation de la réglementation, donc meilleure gestion des coûts présents et futurs.
  • Économies financières, à court et long terme, par l’optimisation des processus et flux de consommation.
  • Meilleures connaissances et anticipation des risques liés à l’activité. 
  • Augmentation de la productivité des équipes et maintien de leur motivation, grâce au bien-être au travail et une réponse à leur quête de sens.
  • Attraction et rétention des talents : les enjeux liés à l’environnement ainsi que les enjeux sociaux sont de plus en plus décisifs dans la recherche d’emploi. L’enquête de Jobs that make Sense et Audencia en témoigne : « 54 % des répondants ont choisi leur emploi actuel pour son un impact positif sur la société et/ou l’environnement ».
  • Meilleures relations avec les parties prenantes, grâce à l’ouverture d’un dialogue et à l’optimisation des pratiques de gouvernance.
  • Meilleures relations avec les acteurs locaux, les médias et les pouvoirs publics, grâce aux impacts positifs générés. 
  • Etc.

2.3  Définir ses objectifs prioritaires… Avec les parties prenantes

À partir de cette liste d’avantages, vous pouvez réfléchir à la définition de vos objectifs prioritaires. 

Faites ce choix avec vos parties prenantes : chacune d’elles pourrait avoir des objectifs différents (salariés, partenaires, fournisseurs…) Qu’il vous faudra prendre en compte et suivre ! 

Prenez le temps de choisir des objectifs qui feront une réelle différence pour votre société et ses acteurs. C’est la condition indispensable pour…

  • Débloquer des ressources - humaines, financières et matérielles - dédiées à la RSE.
  • Maintenir l’implication des parties prenantes sur le long terme. 
  • Choisir des actions cohérentes et impactantes pour un développement durable. 

3. Choisir sa norme RSE : un cadre fiable pour une démarche durable

3e étape pour votre RSE : choisir un référentiel. On a rédigé tout un article sur le sujet des normes environnementales, donc on ne vous refais pas tout le topo. Mais, pour résumer…

  • Les normes garantissent la qualité et l’efficacité de votre démarche d’engagement. C’est un gain de confiance pour les parties prenantes et un guide pour prendre de bonnes décisions.
  • Il existe de nombreux labels RSE. Cependant, ce type d’accréditation n’est pas encadré par la loi, contrairement aux normes. Il existe différents niveaux de qualité… Prudence est de mise !
  • Plusieurs normes existent, certaines menant à une certification, d’autres non.
  • Pour structurer sa stratégie RSE, la norme ISO 26 000 est la plus adaptée. Elle ne donne pas lieu à une certification, mais permet de planifier et cadrer votre démarche.

À partir de là, vous pouvez suivre les recommandations détaillées de votre norme, en vous faisant accompagner idéalement. 

On vous fait quand même un récap’ des prochaines étapes ? Allez ! 

4. Mesurer ses impacts sociaux et environnementaux : l’audit initial

Avant toute action RSE, un audit est indispensable ! Et ce, pour plusieurs raisons :

  • Définir l’état de référence, pour mesurer les progrès par la suite. 
  • Établir une base de réflexion pour créer un plan d’action cohérent et adapté : actions prioritaires, investissements à mener sur le long terme, etc.
  • Faire émerger des idées d’actions à mener.
  • Valoriser (et maintenir !) les bonnes pratiques déjà en place.
  • Impliquer concrètement les parties prenantes, pour la collecte des données. 

Si vous ne souhaitez pas être labellisé ou certifié, un audit interne est suffisant à cette étape. 

Il s’agit de recenser, mesurer et qualifier les impacts de l’entreprise, en particulier ceux identifiés dans vos objectifs prioritaires. Mettez en place des indicateurs lisibles et pertinents : ils vous serviront tout au long de votre démarche.

Quelques exemples de données à collecter au sein de l’entreprise ? Quantité de déchets générés sur site, émissions carbone par activité, taux de satisfaction des employés sur leur bien-être au travail, turnover, etc.

5. Établir un plan d’action pour sa démarche RSE 

Prioriser, c’est le secret ! 

La responsabilité sociétale des entreprises, c’est vaste, très vaste… Vous pourriez mener des centaines, des milliers d’actions pour améliorer vos impacts sociaux et environnementaux. Mais voilà : les ressources sont limitées.

Il va donc falloir prioriser.

  • Reprenez les objectifs fixés : quels sont les impacts en lien direct avec eux ?
  • Établissez une liste d’actions à mener pour vous rapprocher de vos objectifs, en faisant appel à des experts.
  • Choisissez quelques actions quick win : des actions faciles à mettre en place, peu coûteuses, mais avec un retour rapide. Elles permettent de concrétiser rapidement l’engagement de l’entreprise et d’impliquer les parties prenantes, grâce à de premiers résultats encourageants.
  • Identifiez les actions avec les plus hauts retours-sur-investissement. On parle bien de retours RSE, c'est-à-dire sur les piliers sociaux, environnementaux, territoriaux et de gouvernance, autant que sur le critère économique.  
  • Établissez également une vision à plus long terme, avec les grandes actions de votre développement durable.

Structurez votre plan d’action et la politique RSE dans un document clair et le plus exhaustif possible. On peut ensuite passer à la mise en place des actions… Enfin ! 

6. Mettre en place sa stratégie RSE… En amélioration continue

6.1  Des ressources suffisantes, vous accorderez

Rien de plus frustrant qu’une stratégie RSE aux petits oignons… Qui reste dans les placards, faute de moyens.

Relevez vos manches, munissez-vous de vos meilleurs arguments, et arrangez-vous pour débloquer des ressources à la hauteur de vos engagements. Ressources financières, mais aussi humaines et matérielles.

Pensez à faire appel à des experts : gain de temps garanti, pour de meilleurs résultats ! 

6.2  Face aux réticences : la gestion du changement

Sur le papier, c’est facile, la RSE. Mais dans les faits… Vous risquez de faire face à de nombreux freins. En premier lieu, le facteur humain. Qui peut être aussi précieux que bloquant. 

Une bonne gestion du changement sera donc indispensable. Tout au long de votre démarche RSE, prenez soin de vos parties prenantes (salariés, partenaires, fournisseurs).

  • Impliquez-les dans la conception autant que dans la réalisation. 
  • Expliquez-leur les raisons de vos choix et les avantages pour elles. 
  • Ouvrez le dialogue, pour identifier les objections et les lever.

Bref : accompagnez !

6.3  La RSE en entreprise : un mariage pour le long terme

Enfin, souvenez-vous d’inscrire vos actions dans une démarche d’amélioration continue. Un an de RSE, ça ne suffit pas. Chaque année, il vous faudra refaire ces différentes étapes pour atteindre de réels impacts positifs. 

Ainsi, capitalisez dès la première année : notez vos actions, vos blocages, les solutions trouvées, réalisez des mesures d’impact régulières, etc. 


7. Communiquer ses engagements, sans greenwashing : le rapport RSE

On arrive finalement au fameux rapport aussi appelé reporting RSE. 

Le document qui sera partagé et repartagé sur votre site internet ou vos réseaux sociaux, comme preuve de votre engagement.

Le document qui évitera qu’on vous accuse de greenwashing.

À condition d’apporter des preuves concrètes de vos engagements. Le rapporting RSE doit préciser…

  • Vos objectifs, à court, moyen et long terme. 
  • Les actions prévues pour atteindre ces objectifs. Des actions concrètes et réalistes, pas des promesses en l’air. 
  • Les chiffres clés prouvant vos progrès. La réglementation impose des données pour 3 thématiques : sociale, économique/sociétale, et environnementale. Quelques exemples : diminution de votre bilan carbone, optimisation de la consommation de matières premières, évolution des rémunérations, répartition des employés par sexe et âge, etc.

Lorsque vous parlez de vos engagements, appuyez vous sur ces preuves pour éviter toute accusation de greenwashing

Vous connaissez maintenant les 7 étapes pour réussir votre démarche RSE en entreprise. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ? Passez à l’action

Sources : 

RSE et performance globale : mesures et évaluations. État des lieux des pratiques, France Stratégie, sur strategie.gouv.fr, 2019. 

Description de la norme ISO 26 000, consulté en septembre 2022.

Mieux comprendre la quête de sens au travail, Jobs that Make Sense & Audencia, 2021.

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