Neutralité carbone en entreprise : définition & (contre)exemples

Brice Johner

Sensibilisation à l'écologie et humour @Kool.do

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À en croire les publicités, communiqués et emballages, toutes les organisations sont neutres en gaz à effet de serre (GES). Livraison zéro émissions nettes, voiture sans CO2, produits climatiquement neutres… On se demanderait presque d’où vient le réchauffement climatique ! 

Mais la neutralité carbone en entreprise est-elle une réalité… Ou une invention mathématique ? Comment une société peut-elle atteindre la neutralité en GES ? Explications, et déconstruction de mythes !

1. Neutralité carbone : la vraie définition

1.1 Objectif : planète neutre en carbone

Le concept de neutralité carbone est né d’un constat scientifique : pour limiter le réchauffement climatique mondial sous 1,5°C ou 2 °C, il faut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Cela s’entend à l’échelle de la planète : les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine devront être contrebalancées. 

Comment ? 

  • D’abord, et avant tout : par la réduction drastique de nos émissions ! C’est là le plus gros de l’effort, qui demande une réduction annuelle de nos rejets de 6 à 8 %. Pas de neutralité carbone possible sans repenser nos habitudes et modes de vie, et le temps presse.

  • Ensuite, en développant des mécanismes de séquestration du CO2 déjà émis dans l'atmosphère, via des puits de carbone. C’est également indispensable pour espérer un jour atteindre la neutralité GES mondiale. Ces puits de CO2 peuvent être naturels (capture du CO2 par les arbres, sols et océans) ou technologiques (beaucoup de pistes différentes existent mais aucune n’est pour le moment viable à large échelle).

Ainsi, la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère resterait stable, la séquestration contrebalançant les émissions humaines considérablement réduites, limitant l’augmentation de la température.

1.2 Un concept valable seulement à l’échelle mondiale

Mais peut-on dire qu’une entreprise est neutre en émissions CO2

L’ADEME (Agence de l’Environnement) est très claire à ce sujet : 

« L’objectif de neutralité carbone n’a donc réellement de sens qu’à l’échelle de la planète. »

On peut éventuellement parler de neutralité carbone à l’échelle d’un État, dans le cadre de l’Accord de Paris. En effet, les pays se coordonnent à l’échelle mondiale pour atteindre la neutralité carbone, ce qui divise l’objectif global en échelles plus petites.

Peut-on alors considérer une entreprise qui parle de neutralité climatique ? La réponse est simple : non. L’échelle est bien trop petite pour contrebalancer les émissions.

2. 8 raisons d'arrêter de parler d'entreprise neutre en carbone

Une telle allégation de bilan carbone nul d’une entreprise, d’un produit ou d’un service n’a pas de valeur scientifique et est contre-productive pour plusieurs raisons :

2.1 La compensation carbone, ça veut tout et rien dire

Derrière une tonne de CO2 compensée il y a de multiples réalités. Les crédits carbone sont délivrés par des organismes publics et privés via des projets très différents : séquestration de CO2 par les sols et les arbres, évitement d’émissions par les énergies renouvelables, réduction via la transition vers un mode d’agriculture plus durable, etc.

Derrière une tonne de CO2 compensée il peut y avoir de multiples réalités, en termes de technique utilisée, de géographie, de secteur d'activité, de label (ou non), de prix.

Regrouper toutes ces initiatives très différentes dans un même mécanisme entraîne un nivellement par le bas, et les projets les moins vertueux entachent l’image de tous les autres (c’est déjà le cas actuellement avec les projets de séquestration en lien avec la forêt, souvent décriés - à raison comme à tort).

Pour en savoir plus sur la neutralité carbone, nous vous invitons à lire l’article de notre partenaire EcoTree.

2.2 Des calculs peu rigoureux

Avant de parler de neutralité climatique, il faut mesurer les émissions de l’entreprise en question... Toutes ses émissions. Réaliser un bilan carbone complet n’est toujours pas la norme, vous pouvez nous croire. De nombreux organismes omettent le scope 3, plus complexe à évaluer... Mais aussi lourd en gaz à effet de serre

Scope 1, scope 2, scope 3 ? Rejets directs et indirects ? Cycle de vie des produits ? Pas toujours simple de s’y retrouver, pour les entreprises comme pour les consommateurs. Résultat ? Les émissions de GES prises en compte dans les bilans varient d'une société à une autre, rendant la comparaison difficile... Et la neutralité carbone très relative.

2.3 Compensation et contribution carbone, c'est très différent

Planter des arbres pour séquestrer du CO2 c’est important. C'est même indispensable à l’échelle mondiale... Mais il ne faut pas le faire n’importe comment.

La séquestration de carbone promise ne sera atteinte en totalité qu’au bout de 30 à 50 ans, quand (et si) les arbres auront poussé. Il faut aussi s’assurer que :

  • les espèces d’arbres sont adaptées à leur écosystème ;
  • le projet de contribution carbone financé respecte la biodiversité et les populations locales.

Il est alors indispensable de choisir des projets vertueux. C’est pourquoi, chez Sami, nous ne parlons pas de compensation carbone, mais de contribution carbone. Nous accompagnons nos clients dans le choix de projets vraiment vertueux - pas seulement sur le papier.

💡 A lire aussi : Nicolas Crestin, co-fondateur de Sami, donne sa vision de la contribution dans cet article.

2.4 La séquestration du carbone, c'est pas pour tout de suite

Parler de neutralité carbone revient à faire une différence entre :

Ces dernières sont seulement prospectives : si tout se passe bien, le CO2 en question sera bien compensé... Mais dans longtemps. Il y a, en effet, un décalage temporel entre rejets de GES et compensation.

Dans un contexte où nous devons drastiquement réduire nos émissions au plus vite, ça ne colle pas.

💡 A lire aussi : Développement durable : ça ne suffit plus, voilà pourquoi.

2.5 Le greenwashing, c'est mauvais pour le climat

Un produit neutre en carbone déculpabilise l’achat. Les consommateurs sensibles au problème climatique sont de plus en plus nombreux. Acheter un produit zéro émission peut leur apparaître comme une bonne action pour le climat, ou comme un achat sans impact.

Outre l'inexactitude scientifique, déculpabiliser l’acte d’achat est incompatible avec une recherche de sobriété de nos modes de vie. Or, réduire nos consommations est indispensable à l’atteinte de la neutralité carbone globale.

Les exemples de greenwashing à la neutralité carbone sont déjà nombreux, et la tendance semble être à l’accélération...

2.6 A force de compenser, on oublie de réduire

Compenser ses émissions déresponsabilise les entreprises et jette le flou sur toute démarche de réduction. Compenser tout ou partie du bilan carbone de sa société, c’est déresponsabilisant. On peut se dire qu’on a fait sa part pour le climat et en rester là... Alors que l’enjeu principal est de mesurer et réduire nos émissions. Toute allégation de neutralité jette le flou sur l’empreinte climatique du produit ou de l’entreprise en question et sur les efforts mis en œuvre (ou non) pour la réduire en suivant les objectifs internationaux.

Une fois qu’on a collé l’étiquette zéro carbone sur un produit, quel intérêt d’essayer de réduire son empreinte environnementale d’année en année ? Pour le marketing aucun. Alors que pour le climat, c’est la seule chose qui compte.

2.7 La compensation, c'est comme la planète : y a des limites

Toutes les entreprises ne peuvent pas compenser toutes leurs émissions en même temps : cette limite est purement physique. Il n’y a pas assez de terres émergées sur notre planète pour planter assez d’arbres pour séquestrer tous nos rejets de CO2 à leur niveau actuel.

Il nous faudrait 4,5 planètes pour avoir assez de place pour planter les arbres nécessaires à compenser toutes les émissions mondiales de gaz à effet de serre, et uniquement pour une année comme 2021.

Seules certaines entreprises pourraient alors avoir recours à ce mécanisme, rendant l’allégation de neutralité carbone infondée ET inégalitaire.

2.8 Neutralité carbone contre neutralité climatique ?

La neutralité carbone (ou net zero CO2) concerne uniquement un des 6 gaz à effet de serre reconnus par le protocole de Kyoto : le dioxyde de carbone CO2. Une entreprise ou un produit neutre en carbone n'est donc pas forcément neutre en GES ou climatiquement neutre. Les émissions d'autres GES liées à son activité peuvent ne sont pas être prises en compte. Encore une fois, les calculs ne sont pas toujours rigoureux, il vaut mieux se méfier.

Embêtant, surtout quand l'on sait que les 5 autres gaz à effet de serre contribuent plus fortement à l'effet de serre que le CO2.

C'est toutes ces raisons, et encore d'autres, qui expliquent que l'entreprise net-zero émissions (ou pires, le produit et le service net-zero) n'existent pas. Ces appellations ne sont pas scientifiquement viables. Surtout, elles peuvent être contreproductives et déresponsabilisantes dans notre lutte commune pour un avenir bas-carbone.

Nous serons toutes et tous neutres en carbone en même temps, ou personne ne le sera.

3. Atteindre la neutralité carbone en entreprise… Ou pas

3.1 Comment une entreprise peut-elle atteindre la neutralité carbone ?

On recommande souvent différentes solutions pour permettre à une entreprise de contribuer à la neutralité carbone mondiale, en réduisant ses émissions par :

  • La réduction de ses consommations énergétiques, grâce à l’efficacité des équipements, la sobriété des usages ou l’isolation des bâtiments.
  • L’utilisation d’énergies bas-carbone.
  • Le choix de partenaires et fournisseurs engagés dans une démarche RSE.
  • La mise en place d’une stratégie de réemploi des équipements numériques.
  • La promotion de la mobilité douce auprès des collaborateurs.
  • La réduction de l'empreinte carbone des déplacements professionnels.
  • Etc.

Et surtout, on promeut la compensation carbone pour contrebalancer les émissions. Parfois, c’est presque la seule démarche RSE mise en place : planter des arbres pour compenser le CO2 qu’on émet sans y penser.

Malgré ces solutions, on le répète : une entreprise ne peut pas être neutre climatiquement !

Le net-zero CO2 au niveau d’une organisation, d’un produit ou d’un service n’a aucun sens scientifique et est même contre productif pour le climat.

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3.2 Parler de neutralité carbone pour une organisation : c’est grave !

Ces méthodes sont très efficaces pour réduire l’impact de l’entreprise sur le climat. Mais certainement pas pour atteindre la neutralité carbone à l’échelle d’une organisation. Puisque, vous l'avez compris : cela n’aurait pas de sens.

Le net zero emission n’a de sens qu’à l’échelle de la planète. Pourtant, les entreprises sortent leurs calculettes, font une soustraction, et nous vendent une neutralité carbone purement arithmétique. Puisqu’on a planté 418 arbres, nos livraisons sont zéro émission.

Or, utiliser cette façade verte comme un argument de vente, c’est mauvais pour le climat !

En effet, pour résumer, cela…

  • Induit les consommateurs et consommatrices en erreur. Prenons l’exemple d’une société mettant en avant sa livraison « neutre en carbone », comme La Poste depuis 2012 par exemple. On peut imaginer le colis voyageant à vélo… Alors qu’il s’agit d’un camion classique, dont les émissions sont compensées par la plantation d’arbres. Les acheteurs pensent, à tort, faire un choix écoresponsable.

  • Masque les initiatives ayant une vraie démarche RSE. Les citoyens et citoyennes risquent de se contenter de ces solutions « neutres en CO2 », sans chercher des alternatives bas-carbone. Les entreprises faisant de réels efforts pour réduire leurs émissions sont moins mises en valeur, ou alors obligées d’adopter les mêmes allégations marketing climatiquement neutre. Impossible de démêler le vrai du faux pour les consommateurs.

  • Déculpabilise les entreprises. Sans incitation, les organisations aussi risquent de se contenter de la plantation d’arbres et de crédits carbone… Ignorant ainsi la démarche indispensable du bilan carbone et de la réduction des émissions.

Pour autant, les organisations ne sont pas déresponsabilisées du respect des accords de Paris… Au contraire ! Les acteurs économiques font partie intégrante de la stratégie de neutralité carbone mondiale.

3.3 Concrètement, en tant qu’entreprise, qu’ai-je le droit de dire ou non pour valoriser ma démarche RSE ?

 

Comment valoriser un engagement RSE en entreprise, sans induire sa clientèle en erreur ?

  • Avant tout, mettez en place une réelle démarche RSE. Tout commence par l’identification de vos émissions, puis leur réduction drastique (3 à 7 % par an en fonction des secteurs), dès que possible. L’enjeu est de vous concentrer sur votre périmètre de responsabilité, sans exporter les réductions carbone.
  • Ensuite, remplacez la notion de « compensation » par « contribution », qui vient en complément d’un plan de décarbonation solide. Chez Sami, on ne se contente pas de planter des arbres pour soustraire des émissions carbone sur notre feuille de calcul. La contribution seule ne suffit pas. Il faut aussi, et avant, tout réduire vos émissions pour contribuer à la neutralité carbone mondiale. Sami accompagne les entreprises dans leur stratégie climat, de la réduction des émissions et la mise en place d'un plan d'actions jusqu'à la sélection des projets de contribution triés sur le volet pour avoir l'impact le plus fort possible.
  • Dans votre communication, abandonnez la notion « d’entreprise neutre en carbone ». Vous pouvez par contre expliquer que vous contribuez à la neutralité carbone mondiale d’ici 2050.
  • Pour désigner vos produits ou services, vous avez interdiction d’utiliser sans preuve les termes suivants : « neutre en carbone », « zéro carbone », « avec une empreinte carbone nulle », « climatiquement neutre », « intégralement compensé », « 100 % compensé », ou toute autre affirmation équivalente. Dans la loi, on peut les employer à la condition de rendre accessibles des preuves solides et votre stratégie de décarbonation. Chez Sami, on vous recommande de bannir ces termes tout court, et faire preuve de pédagogie envers votre clientèle ! Par exemple, expliquez et détaillez votre stratégie climat dans vos supports de communication. Par ailleurs, vous pouvez vous appuyer sur des labels et normes pour valoriser votre démarche de décarbonation. 

Le référentiel NZI, Net Zero Initiative, parle par exemple de contribution à la neutralité carbone planétaire, car c’est la seule échelle à être rigoureusement définie. C’est une initiative du cabinet Carbone 4, référence internationale du conseil en décarbonation, qui aide à parler de zéro émission nette, sans greenwashing.

Alors, comment valoriser un engagement RSE en entreprise, sans induire sa clientèle en erreur ?

  • Avant tout, mettre en place une réelle démarche RSE. Tout commence par l’identification de vos émissions, puis leur réduction drastique (3 à 7 % par an en fonction des secteurs), dès que possible. L’enjeu est de vous concentrer sur votre périmètre de responsabilité, sans exporter les réductions carbone.

  • Ensuite, en remplaçant la notion de « compensation » par « contribution ». Chez Sami, on ne se contente pas de planter des arbres pour soustraire des émissions carbone sur notre feuille de calcul. Non, on vous propose des projets avec un impact positif global, sur le climat, la biodiversité et le tissu social. Par ces investissements, vous participez à la réduction des émissions d’autres acteurs économiques ou zones géographiques, ce qui participe à la neutralité carbone mondiale.

  • Enfin, abandonner la notion « d’entreprise neutre en carbone ». Vous pouvez par contre expliquer que vous contribuez à la neutralité carbone mondiale d’ici 2050.

Le cabinet Carbone 4 propose un référentiel complet, pour parler de zéro émission net : c’est le NZI, Net Zero Initiative. La plateforme Sami est basée sur ce référentiel, qu’on applique à toutes notre clientèle.

4. Exemples d’entreprises Zéro Émission… Et alertes greenwashing

Malheureusement, toutes les entreprises n’ont pas encore compris la réelle signification de « neutre en CO2 ».

4.1 3 exemples pour mieux déceler le greenwashing

Les exemples de greenwashing autour de la neutralité carbone ne manquent pas. Parmi eux, on compte…

Google. Le mastodonte du web est aussi tombé dans le panneau. Sur son site, on peut lire qu’ils financent des projets « d’énergie sans carbone » et se vante depuis 2007 d’être « neutre en carbone ».

Neutralité carbone revendiquée par Google. (Site consulté en janvier 2023)

Brewdog. Cette brasserie parle même de bilan carbone négatif ! Comment c’est possible ? C’est simple : ce n’est pas possible ! Même si le service RSE compense 2 fois ses émissions GES… Boire de la bière ne retire pas du carbone de l’atmosphère. Dommage, ça aurait été trop beau.

Publicité BrewDog : une bière fabriquée, deux bières compensées. Et si boire de la bière pouvait nous sauver ? Ben non.
(Site consulté en janvier 2023)

La Poste. Les rois et reines du courrier annoncent être neutres en carbone depuis 2012, et même être le premier compensateur carbone d'Europe, en compensant leurs émissions via des crédits carbone. Pourtant, le bilan carbone du groupe augmente d’année en année, sans laisser percevoir de réduction. (Site consulté en janvier 2023)

Comment savoir si une allégation de neutralité carbone relève du greenwashing ? On vous a dégoté une superbe vidéo explicative, à laquelle notre VP Carbone - Guillaume Colin - a contribué.

5. Produit neutre en carbone et réglementation, ce que dit la loi depuis 2023

En France, depuis le 1er janvier 2023, il est interdit de présenter un produit ou service comme neutre en carbone… À moins de prouver ses engagements. Un décret qui manque sérieusement d’ambition : on vous explique pourquoi.

5.1 Les conditions pour pouvoir afficher « neutre en carbone »

La loi Climat & Résilience faisant suite à la Convention Citoyenne pour le Climat proposait d’interdire purement et simplement toute allégation marketing de neutralité carbone.

Le verdict final est tombé le 13 avril 2022, avec la publication des décrets d’application de cette loi : décrets n° 2022-538 et 539. Retournement de situation. 

Le gouvernement français y remplace l’interdiction pure et simple d’utilisation des allégations de neutralité carbone… Par une liste de conditions à respecter pour les utiliser.

Ainsi, depuis le 1er janvier 2023, toute affirmation de neutralité carbone (ou toute formulation équivalente) d’un produit ou service, doit s’accompagner de : 

  • Un bilan des émissions GES de ce produit ou service, sur l’ensemble de son cycle de vie (de la fabrication à la fin de vie, en passant par l’usage ou encore le transport).
  • Un plan d’action d’évitement, puis réduction des émissions.
  • Un rapport précisant les modalités de compensation des rejets carbone restants.
  • Le tout, mis à jour chaque année et facilement accessible.

Ces éléments chiffrés devront être mis à jour annuellement pour prouver que les réductions attendues ont bien lieu. Toute mention neutre en carbone, zéro CO2 ou climatiquement neutre devra être retirée si l’empreinte carbone absolue (total des émissions de GES) du produit ou service augmente entre deux années.

💡 À lire aussi : Les nouveautés réglementaires en 2023, sur le bilan carbone.

5.2 Quelles sont les sanctions en cas de mauvaise utilisation de l’allégation « zéro carbone » ?

L’amende prévue en cas d’infraction est de 100 000 € pour une entreprise ou organisation. La sanction pourra augmenter jusqu’à atteindre le budget total de la campagne publicitaire contenant l’allégation de neutralité carbone contestée.

Victoire pour le climat ? Non : les sanctions (si appliquées) ne seront pas dissuasives pour les annonceurs (surtout les plus gros).

En revanche, l’ADEME traque et dénonce les pratiques d’écoblanchiment. Une mauvaise pub qui pourrait décourager certains organismes…

5.3 Un progrès en faveur du climat ?

Beaucoup y verront un progrès, une barrière contre le greenwashing. Pour nous, ce n’est pas assez ambitieux. Les produits 100 % compensés ou zéro émission restent un non-sens scientifique. L’allégation « neutre en carbone » est donc mensongère. Quels que soient les engagements de l’entreprise et sa stratégie RSE : un produit zéro carbone, ça n’existe pas.

Cela induit en erreur les consommateurs et consommatrices, qui pensent pouvoir consommer sans impacts climatiques. C’est faux : chaque achat de bien ou service a des impacts environnementaux. Et cela empêche les entreprises de s'investir réellement pour le climat...

En tant que TPE ou PME, que pouvez-vous faire pour éviter le greenwashing ? 

  • Remplacer les allégations « zéro carbone » par « contribution à la neutralité carbone mondiale ».
  • Communiquer et sensibiliser sur les enjeux climatiques.
  • Inviter à raisonner les achats, pas seulement à diriger les achats vers des alternatives plus responsables.
  • Mener une réelle démarche de réduction de vos émissions GES.

5.4 Au-delà de la loi : un enjeu de compétitivité face aux nouvelles habitudes de consommation

Heureusement, les citoyens et citoyennes sont de plus en plus sensibles au changement climatique… Et ont de plus en plus connaissance de l’existence du greenwashing. Ils se laissent plus difficilement berner par la promesse de la neutralité carbone des acteurs économiques ! 

C’est notre meilleure défense collective contre le greenwashing : dénoncer publiquement les pratiques malhonnêtes et éduquer l’opinion publique. Pour que l’image des entreprises adeptes d’écoblanchiment soit durablement impactée par la controverse, limitant le risque de récidive.

Au-delà de la loi, les entreprises doivent donc prendre en compte ces nouvelles habitudes de consommation… Pour rester compétitives sur le marché.

Vous savez maintenant que la neutralité carbone en entreprise est un concept dénué de sens scientifique. Heureusement, cela ne vous empêche pas de contribuer à la réduction du réchauffement climatique… Et de mettre en valeur vos engagements ! Pour contribuer à la réduction drastique des émissions de GES mondiales, commencez par votre bilan carbone.

Sources :

Mission Décarbonation

Chaque mois, un décryptage de l’actualité climat des entreprises et nos conseils pour vous décarboner, suivis par plus de 5000 responsables RSE.

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